mercredi 9 avril 2014

LA GUERRE DES SIGLES (poème de L.)

Quand les mots sous pression sont sortis de leur réserve
Que l’encre a fait le choix du maquis contre l’idée de la trêve,
Les idéaux ont lâché les syllabes en même temps que la raison
Pour s’abriter derrière les ridicules couleurs de leurs blasons
Aux concepts aussi mensongers que creux.

Dans les tranchées retranchées se cachent les nostalgiques.
Ceux-là se revendiquent Héritiers d’une Paix de reliques
Et se rassemblent pour ce qu’ils prêtent à un vieil empereur
Père de la nation, mi-dictateur mi-bienfaiteur, grand bâtisseur
Bien qu’instigateur secret de cette guerre des dieux.

Dans les places publiques, vous trouverez les autres, criant, parlant
Haranguant, hâbleurs sans meilleurs arguments que les précédents
Mais plus habiles au jeu des grands rassemblements et prophéties
Tant que leur conjugaison reste La Manne du Président-messie
Et qu’en son nom précieux meurent cent gueux.

Entre les deux camps, ceux qui ne sont pas indécis mais lucides
Marginaux parce que minoritaires et loin des lignes rigides.
Eux font leurs discours en toutes lettres, font des dépêches
Appelaient au réveil avant d’appeler à l’aide au vu de la mèche
A laquelle toutes nos passions ont mis le feu ;

Alea jacta est, comme un soupir qui déchire les cieux
Que l’on se tienne prêt à compter  les morts en tous lieux :
La guerre des sigles aura bien lieu.